Bébé prématuré…
Un post Facebook que j’ai écrit il y a quelques semaines et que j’ai envie de partager ici avec vous car il y a beaucoup de moi dedans
Ce soir j’ai du mal à trouver le sommeil comme pas mal de soirs en ce moment…
Et puis je réfléchis à ma vie, à mes blessures, à mes forces, à mes faiblesses et à ce petit bébé qui est né beaucoup trop tôt le 13 mai 1974 alors qu’il devait naître en août. Trois mois en avance c’est pas mal quand même…
Alors de ce combat pour survivre, être dans une petite boîte (voir la photo) pour continuer à me développer… j’en ai tiré jusqu’à présent une force de vie incroyable. Bon, il paraît que je suis toujours trop : trop entière, trop émotive… mais je suis moi-même et j’ai la chance d’avoir vaincu ma prématurité.
Mais il y a aussi l’hypersensibilité, ma peur de l’abandon, la peur du rejet, la peur du noir (j’aimerais bien les y voir les autres bébés nés à terme qui passent du ventre maternel au sein puis aux bras de leur maman, vivre 3 mois dans cette boite transparente). Moi, ma mère ne pensait pas que j’allais survivre très longtemps ; C’est mon père qui m’a pris dans les bras le premier (légende familiale qu’évidemment je ne pourrai jamais vérifier)…
Mais aujourd’hui, un jour comme tous les jours, je me demande encore plus fort que d’autres fois : il y a forcément quelque chose qui m’a échappé dans mon histoire et qui échappe à tous les prématurés…
On parle beaucoup du choc pour les parents d’enfants prématurés, de grands prématurés, mais on parle tellement peu de l’impact de tout ça sur le bébé prématuré qui devient un adulte. On parle moins du prématuré lui-même, à part de ses problèmes de santé (je pourrais citer mon asthme, mes convulsions et mon traitement au Gardenal pendant de nombreuses années, mon hypersensibilité, mon anxiété, mes problèmes d’alimentation, etc.).
Imaginez en 1974, on faisait des soins aux bébés prématurés sans tenir compte de la douleur, il n’y avait pas de peau à peau avec les parents.
J’ai passé 3 mois dans les locaux du centre de néonatalogie du Boulevard Brune dans ma petite couveuse… Et puis mes parents sont partis 3 semaines en Crète en amoureux car j’avais pris du poids, j’étais repassée au dessus des 1 kilogramme… pour mes parents, il fallait bien aller fêter ça loin de moi et de ma couveuse. Moi, pendant 3 mois, je n’ai pas bougé de cette couveuse qui remplaçait ma mère.
Depuis toujours cela m’a révolté de savoir ça. Mes parents ne s’en sont jamais cachés… C’est dire la puissance de leur instinct parental.
C’est sans doute pour ça que j’ai été encore plus outrée quand j’ai eu mes enfants, moi la mère poule… ce n’est pas un hasard si j’ai 6 enfants que j’adore plus que tout, si je suis devenue coach parentale spécialisée dans les premiers liens, le maternage, l’allaitement.
Alors oui j’ai pardonné à mes parents (oui, sûrement une autre force : je pardonne mais je n’oublie pas).
Ils ont fait comme ils pouvaient à l’époque et avec leurs propres blessures mais je reste persuadée que l’impact de la prématurité sur notre vie d’adulte n’est pas assez étudiée, pas assez prise en compte… On ne peut pas parler de tout mais ça concerne un sacré nombre de personnes quand même.
Alors voilà, c’est le sujet de mon prochain livre (pas celui qui sort en juin) mais le suivant. J’ai écrit plein de choses depuis des années pour ce futur livre, mais là, ce soir dans un moment d’insomnie, de réflexions sur ma vie, ça s’est imposé à moi, tout s’éclaircit, et je vais partager tout ça avec vous, avec les futurs lecteurs et lectrices.
Allez je vais essayer d’aller dormir mais j’ai peur du noir et c’est toujours compliqué pour moi de m’endormir… même si je ne peux dormir que dans le noir complet ensuite.
Bisous
et merci de m’avoir lue.
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